Depuis le dépôt du plan d’action 2022-2025 sur l’amiante et les résidus amiantés au Québec, une attention particulière a été mise sur l’utilisation de fibres d’amiante dans les mélanges d’enrobé de bitume utilisant des granulats de bitume recyclé (GBR).
Alors que l’utilisation de l’amiante commence à décliner de façon importante entre 1970 et 1990 et que le Québec se retrouve avec des haldes de résidus de chrysotile et une production sans acheteurs, on cherche alors à valoriser l’utilisation sécuritaire de l’amiante. Après des années de discussion et de tests en laboratoire, l’utilisation de chrysotile dans le bitume devient alors pratique courante dans les années 90.
L’amiante chrysotile, étant un matériau fibreux très résistant, permet un renforcement significatif de la matrice de bitume. Aussi, ce mélange étant « collant » et essentiellement non friable, permet une utilisation relativement sécuritaire, du moins pour les usagers de la route. Toutefois, comme c’est le cas lors de travaux de démolition dans le bâtiment, ce sont les travaux à la fin de la vie utile du matériau qui présente le plus haut risque d’exposition aux fibres d’amiante. Les travaux concernés sont alors beaucoup plus couteux qu’ils ne le seraient pour un enrobé de bitume conventionnel et requiert la mise en place de mesures spéciale afin d’adéquatement protéger les travailleurs.
Dès lors, pour des raisons de sécurité, de performance, de coûts et dû à l’avancement des technologies de conception de bitume, le Ministère des transports a retiré les mélanges contenant de l’amiante de ses normes en 2011.
L’enjeu demeure tout de même d’actualité puisque les nouvelles formules inclus encore une proportion de produit recyclés. C’est produit doivent donc être préalablement testé avant d’être inclus dans les mélanges utilisés aujourd’hui.
De plus…
En plus de la chrysotile, sciemment ajouté à certains types de mélanges de bitume vu ses qualités mécaniques, des quantités significatives d’actinolite et/ou trémolite (deux autres types de minerais d’amiante) peuvent également être retrouvées à même le granulat. Dans ce cas, il s’agit d’une occurrence collatérale à l’ajout de gravier. En effet, le sous-sol québécois étant propice à la présence de ces types de minerais, l’extraction de gravier de certaines carrières entraine en même temps le prélèvement d’une certaine quantité d’amiante présente sous la forme d’actinolite ou de trémolite. Le Bas-St-Laurent, Chaudière-Appalaches et les régions avoisinantes sont particulièrement à risque vu leur proximité à d’importantes formations géologiques favorables à ces minerais.
Les échantillons d’air prélevés à proximité de travaux de planage de routes contenant des granulats contaminés à l’actinolite/trémolite contiennent d’ailleurs parfois des quantités significatives de ces fibres d’amiante. Toutefois, comme mentionné précédemment, vu la nature du matériau, le risque d’exposition encouru par les usagers de la route sont considérés comme étant négligeable.
Analyse de l’amiante dans les GBR et enrobés bitumineux
Les enrobés bitumineux sont des matériaux souvent plus difficiles à analyser. La nature collante du bitume et la très faible concentration d’amiante, avoisinant 0.1% dans les nouveaux enrobés utilisant des granulats amiantés recyclé, rendent l’opération délicate.
Les granulats de bitumes recyclés (GBR) analysés à la source, contiennent pour leur part autour de 1% d’amiante et sont plus facile à caractériser.
Lab’EAU-AIR-SOL a développé une méthode de préparation des échantillons de bitume spécifique afin de favoriser une meilleure sensibilité de l’essai à de faibles concentration d’amiante. N’hésitez pas à nous faire confiance pour l’analyse de vos granulats!
Plus sur le sujet :
Mise à jour des connaissances sur l’utilisation de l’amiante dans les enrobés bitumineux, INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC :
Exposition provenant des routes avec des enrobés bitumineux contenant de l’amiante, INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC :
Enrobés additionnés de fibres d’amiante, Rapport sectoriel, MINISTÈRE DES TRANSPORTS, Novembre 2019 :